Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/229

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ragan qui semblait vouloir faire éclater cette enveloppe humaine.

Violette après l’effort suprême qui l’avait faite se redresser devant l’attitude menaçante de Randall, sentait ses nerfs se détendre de nouveau. Elle fut soudainement prise d’un étourdissement qui la fit chanceler. Raoul lui tendit les bras, et la jeune fille balbutia d’une voix tremblante :

— Allons-nous-en !…

Raoul l’entraina.

Harold se rua vers eux et tonna avec un accent terrible :

— Violette…

Ce fut tout… la rage lui coupa la voix, il tituba et alla tomber dans un fauteuil.

— Allons-nous en !… répéta, Violette comme épouvantée.

Et Raoul qui s’était arrêté une seconde devant la menace de Spalding, sortit entrainant Violette défaillante.


En voyant paraitre Violette et Raoul Constant, Pascal se frotta rudement les yeux.

L’abbé lui avait bien dit, que Violette était à l’hôtel. La vue de la jeune fille ne l’étonna donc pas. Mais voir surgir tout à coup Raoul que le brave Pascal croyait encore voir sur un lit d’hôpital, cela le bouleversa.

Sans savoir au juste ce qu’il faisait, il s’élança, traversa la chaussée en courant au risque de se faire écraser sous les roues des autos ou des camions, et fit un bond énorme jusqu’au fiacre…

Mais il arriva trop tard ; Raoul avait poussé Violette dans le fiacre, y avait sauté, et la voiture avait roulé avec rapidité.

Et Pascal, essoufflé, haletant et désappointé, demeurait là assailli de mille pensées contraires.

Il ne remarqua pas une auto qui vint s’arrêter tout près de lui.

Il était tellement distrait, étranger à tout ce qui l’entourait que, tout d’abord, il regarda avec indifférence… deux hommes sortir de l’hôtel, passer devant lui, le frôler presque et monter dans l’auto.

L’ordre suivant, donné au chauffeur le fit tressaillir :

— Brûlez la route… commanda la voix du docteur Randall.

En reconnaissant le docteur sous son chapeau romain, Pascal sauta en l’air de surprise, puis inconsciemment se rua vers la voiture comme pour l’empêcher de partir…

Là, encore il arrivait, trop tard : l’auto, une limousine peinte en guerre — partait à toute vitesse.