Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De l’intérieur une main poussa la portière, le docteur fit monter Monsieur Gaston tout haletant, monta ensuite, et la machine partit à une vive allure.

L’homme qui avait ouvert la portière jeta par-derrière, à travers l’œil-de-bœuf, un regard explorateur.

— Nous sommes poursuivis, dit-il, d’une voix basse et frémissante.

C’était la voix de Harold Spalding.

En êtes-vous sûr ? ! demanda Randall, l’haleine courte.

— Je vois les fanaux de trois ou quatre autos derrière nous.

— À quelle distance ?

— Cent verges au plus.

À ce moment la machine tournait sur la route d’Amiens. Le docteur allait tirer un panneau intérieur pour communiquer avec le chauffeur, quand un choc épouvantable se produisit, suivi d’un craquement sinistre… et la machine s’écrasa en débris sur la route.

Une lourde auto venant d’Amiens s’était jetée sur la limousine qu’elle avait fracassée.

Chose extraordinaire, l’auto n’éprouvait que de légers dégâts, et du tonneau quatre personnages sautaient sur la route pendant que l’un d’eux disait :

— Ouf ! — … si on n’est pas mort, on n’en vaut guère mieux !

Or, cette voix, c’était celle de l’ami Pascal. Et les trois autres personnages, on le devine, c’étaient l’abbé Marcotte, Raoul Constant et Violette.

Déjà trois autos de l’État-major anglais arrivaient sur la scène, et une dizaine d’officiers en descendaient, tous munis de lanternes.

Il y eut quelque brèves explications entre nos quatre amis et les officiers, et une voix retentissante commanda :

— Vite… qu’on déblaye !…

Les officiers se mirent à l’œuvre.

Alors l’abbé s’approcha de l’officier qui commandait. C’était ce même général qui avait prononcé l’arrestation de Jules.

— Pouvez-vous me dire, général, quel était le propriétaire de cette machine ?

— Je ne puis vous renseigner à ce sujet. Seulement je sais qu’elle emportait cet espion allemand…

— Un espion allemand ? répéta l’abbé surpris.

— Oui… cet espion arrêté à Paris il y a quelques jours et qui a dénoncé l’un de ses complices, ce Jules Marion ?

— Ah ! vous croyez toujours à la culpabilité de Jules Marion ?

— Je le crois d’autant mieux, que l’accusé a