Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/236

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déserté l’hôpital où il était prisonnier sur parole.

— Déserté !… murmura l’abbé en pâlissant.

— Le chirurgien vous confirmera cette vérité.

À ce moment les officiers retiraient deux cadavres de sous les décombres de la limousine.

— Eh bien interrogea le général.

— Nous avons trouvé le chauffeur et l’espion, dit un officier.

— Morts ou vivants ?

— Morts général.

— Et le moine ?

— Quel moine ? demanda l’abbé en tressaillant.

— Un moine noir qui vient, à l’aide d’un revolver ayant forme de crucifix, de nous tuer quatre hommes. Un être mystérieux qui fut découvert en conversation dans le cachot de l’espion. Nous ne pouvons encore nous expliquer comment il a pu s’introduire là à notre insu.

— Et ce moine ? interrogea de nouveau le général en fixant un officier.

— Disparu comme par magie.

— Singulier !… murmura le général devenu rêveur.

Et l’abbé à part lui :

— Le docteur Randall nous échappe encore !

Qu’étaient donc devenus Randall et Spalding ? Mystère !

Pendant que le général donnait des ordres, l’abbé Marcotte informait Violette et Raoul de la fuite de Jules et du rôle que venait encore de jouer Randall.

Violette demeura consternée.

Raoul pencha la tête avec amertume et garda le silence.

Les terribles scènes des dernières vingt-quatre heures, l’accident qui venait de se produire, et la fuite de Jules, tout cela ensemble mettait nos amis dans un état d’esprit peu gai.

Seul, Pascal paraissait garder son humeur coutumière. Il s’était mêlé aux officiers pour leur aider dans leur besogne de déblaiement. Et quand on lui avait désigné le cadavre de l’espion il avait dit en grommelant :

— Eh bien ! il n’a pas volé son dessert celui-là !

Tel avait été l’oraison funèbre de Monsieur Gaston.

Cependant, le général était revenu vers l’abbé Marcotte.

— Monsieur l’abbé, dit-il, je crois comprendre que vous vous intéressez vivement à ce jeune homme accusé de trahison parce que vous l’avez chaudement défendu, parce que vous avez promis de démontrer la fausseté de l’accusation.