Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/45

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Comme une machine automatique Violette revint sur ses pas. Elle demeura debout, face à son père, humble, soumise, triste.

Harold la considéra un instant du coin de l’œil. Dans ses regards passaient alternativement des rayons d’attendrissement et des lueurs farouches. Sa haine contre Jules Marion et l’abbé Marcotte, haine mortelle qui le brûlait, et l’amour ardent qu’il éprouvait pour sa fille unique luttaient l’une contre l’autre pour s’accaparer cet esprit tourmenté et le subjuguer.

Ce fut l’amour paternel qui sembla prendre le dessus.

— Violette, dit-il, je ne veux pas me souvenir de la scène de l’autre soir. Cependant, je me permettrai de te dire que tu as bien mal placé ta sympathie. Sais-tu la nouvelle que je reçois ? Écoute : tu vas en juger.

Et prenant une lettre sur son pupitre, il lut à haute voix ; et à chaque mot qu’il prononçait sa fureur reprenait tout son empire.

Monsieur,

Votre lettre demandant la démission de Jules Marion m’a été communiquée. J’ai de suite conseillé à mon protégé de se soumettre aux in-