Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/60

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s’il ne vaut mieux laisser simplement aller son chemin à votre insulteur, au séducteur de votre fille…

Harold bondit sous la piqûre.

— Assez ! rugit-il. Je suis décidé à tout. Mais vous m’aiderez ?…

Dans cette interrogation du millionnaire il y avait toute une page que Randall comprit sans doute, puisqu’il répondit d’un ton ferme :

— Je m’y engage.

— Et moi… prononça tout à coup une voix étrange, une voix brisée par le désespoir et la douleur, une voix qui semblait d’outre-tombe, moi, je ne veux pas…

Ce fut tout.

Quand, d’un bond, les deux hommes se retournèrent, ils virent à leurs pieds Violette étendue sans mouvement.



VIII

L’AMOUR DE VIOLETTE


— Elle a tout entendu ! s’écria Harold avec affolement.

— En ce cas, c’est plus temps que jamais d’agir contre l’autre.

— Que faut-il faire ?

— J’y songerai… je vous reverrai d’ici quelques jours. Pour le moment, il ne faut pas que votre fille me voie. Il est fort probable que sa mémoire ne lui rappellera pas ou peu, ce qu’elle a vu et entendu. Si elle vous interroge, ayez soin de lui faire penser qu’elle a fait un rêve quelconque. Quant à moi, je vous quitte à l’instant.

— Vous partez ? s’écria Harold effrayé.

— Il le faut. Mais je reviendrai.

— Et ma fille ?… interrogea Harold très inquiet.

— Ce n’est rien, répondit le docteur après avoir examiné la jeune fille… une simple défaillance. Dans dix minutes il n’y paraîtra plus.

Il serra la main du millionnaire et partit.

Demeuré seul, Harold resta plongé dans une lugubre rêverie, pendant que ses yeux demeuraient rivés sur le corps inerte de Violette.

De temps à autre ses lèvres esquissaient une grimace de colère ou de désespoir. Parfois ses poings se crispaient et frappaient rudement les bras de son fauteuil, ses dents grinçaient, ses regards lançaient des lueurs fauves.

Plus tard, il se mit à marcher par la pièce, les traits contractés horriblement, maugréant des paroles incompréhensibles, faisant des gestes brusques et vagues.

Il paraissait avoir oublié totalement sa fille. Il avait l’air de devenir fou.

Après quelques minutes, comme s’il eut été