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LA SECOUSSE

JULES.(ricanant) Le beau, le grand, le magnifique Louis ! Ah ! ah ! ah !… ce gentilhomme raffiné, ce… Et savez-vous pourquoi je le cherche ?

Mme  BERNIER. — Pourquoi, Jules ?

JULES. — Pour le souffleter.

Mme  BERNIER.(effrayée) Jules, tais-toi ! Que se passe-t-il ?

JULES. — Alors, il n’est pas ici ?

Mme  BERNIER.(mentant) Non… il est sorti.

JULES. — Tant mieux !… Oh ! maman, je pense que je l’aurais tué.

Mme  BERNIER.(apaisée) Mais qu’as-tu donc, mon Jules ? Viens ici me confier tes peines !

(Elle entraîne le jeune homme vers une causeuse où tous deux vont s’asseoir).

JULES. — Ah ! ma bonne maman, si vous saviez !…

Mme  BERNIER.(très doucement) Quoi donc, Jules ?

JULES.(avec désespoir) Il me l’a prise…

Mme  BERNIER. — Je ne comprends pas.

JULES. — Je l’aimais tant… j’étais fou d’amour ! Ah !… et elle était si belle !… Elle est si divinement belle !

Mme  BERNIER. — Celle que tu veux épouser ?

JULES. — Oui… celle que j’allais épouser… Un ange, ma mère, comme vous ! Eh bien ! savez-vous ce que Louis a dit ? Car il l’aime lui aussi… il l’a aimée après moi… et il est jaloux… jaloux de moi ! Alors, quand il lui a dit ces choses affreuses, elle m’a méprisé… Depuis, elle ne veut plus de moi !… Voyez-vous comme je souffre !

Mme  BERNIER.(compatissante) Mais qu’a-t-il dit ?

JULES. — Il a dit à cet ange que… j’étais… que je suis un débauché, un garçon de rien… que je suis un déchet d’égout !… Oh ! oui, ma mère, je le tuerai, je le tuerai, bien qu’il s’appelle mon frère ! Je le tuerai, je le tuerai…

Mme  BERNIER. — Pauvre enfant !


RIDEAU
Fin de premier acte.