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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/521

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groupe une très grande importance, dans les salons de Mme la comtesse. Ceux qui composaient ce groupe avaient prononcé à diverses reprises le nom de maître Léon Malevoy.

Or, rien n’avait encore transpiré de la position dangereuse où se trouvait le jeune notaire ; mais il y a autour des positions de ce genre une atmosphère spéciale, étonnamment sonore. C’est dangereux comme les abords d’une poudrière, où la moindre étincelle peut déterminer l’explosion.

Souvenons-nous que tout le faubourg Saint-Germain dansait, cette nuit, chez Mme la comtesse, et que maître Malevoy avait la confiance du faubourg Saint-Germain.

L’explosion, si elle avait lieu, devait casser les vitres.

Jusqu’à présent rien n’éclatait ; ce feu de grisou des cancans bavards ne rencontrait point la lampe imprudente qui l’eût enflammé. On riait, on causait, on polkait, on valsait. Les glaces étaient excellentes, les femmes adorables. L’absence des deux maîtresses de la maison qui aurait pu mettre un temps d’hésitation dans la fête, à peine remarquée, avait déjà pris fin. Le Nuage d’été et le Volcan se promenaient bras dessus, bras dessous, double comète, suivie par une queue d’hommages.

Nous avons pris soin de donner d’avance au lecteur le mot de cette énigme.

Il y avait deux nuages d’été : celui de Nita et celui que Mme la comtesse avait commandé quelques jours auparavant en sortant de l’étude Malevoy.

Il n’y avait qu’un volcan, mais il était pour deux.

Ce profitable vicomte Annibal avait trouvé, Dieu et lui savaient où, une admirable paire d’épaules pour endosser le premier costume de la comtesse.

De sorte que le Nuage d’été et le Volcan que nous voyons passer ensemble, et qui, pour tout le bal, représentaient Nita au bras de la comtesse, étaient en réalité la comtesse et la trouvaille de cet utile An-