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LA BANDE CADET

Il regardait Adèle en face et n’avait pas l’air trop entamé par ses reproches.

— Merci de vos compliments, madame Jaffret, dit-il. Vous savez, ils vous reviennent en plein, je n’en veux pas. J’ai dit au Manchot : « Puisque vous voilà condamné, qu’est-ce que vous avez à perdre ? Moi, j’ai la fringale de me plonger au fond de tous les plaisirs de Paris, les danses, la débauche, la bonne chère et autres, mais je n’en ai pas les moyens pécuniaires. Donnez-moi les fonds pour vivre dans l’ivresse pendant deux ans seulement, avant mon suicide final, et je vous fournis de l’air, toc ! »

Loin de se formaliser, Adèle sourit et ses narines se gonflèrent.

M. Noël avait allumé sa pipe.

— Deux ans ! répéta-t-elle. Au fait et au prendre ! combien lui as-tu demandé d’argent, Piquepuce, ma bonne ?

— Vingt mille, parbleu ! répondit le fumeur. Ça ne fait pas trente francs par jour, et je n’ai pas les goûts de la racaille.

Adèle étouffa un juron qui dut scandaliser sa robe de satin noir. Elle était sérieusement irritée, mais