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LA BANDE CADET

Lazary, j’aperçois un sapin qui file en tigre, et allonge presque aussi vite que moi. Bon ! pas besoin qu’on me donne du coude dans les côtes pour m’avertir ; je vois que j’ai mon affaire, mais en même temps, j’ouvre l’oreille et j’entends qu’on galope derrière moi, et que ce n’est pas des quadrupèdes ! Je force de vapeur. Juste devant la Gaîté où l’on jouait la Citerne de l’Estrapade, plusieurs marchands de contremarques m’accostent et me demandent si je veux pleurer pour cinq sous. Ah ! la chose était bien montée ! Si c’est vous, patron, mes compliments !

Le fiacre était si près que j’aurais pu m’accrocher à ses ressorts par derrière. J’envoie promener mes voyous qui, au lieu de me lâcher, m’entourent. Je discerne le cas, j’en passe trois à la jambe, et aussitôt qu’ils sont par terre, je pique un élan…

Mais je vous dis que c’était organisé à la papa.

— Bêta ! qu’on me crie dans l’oreille, tu ne vois donc pas qu’il fait jour !

Trois grands gaillards, peut-être quatre, étaient sortis de dessous les pavés, et v’lan ! je m’y couche, moi sur le pavé, avec un coup de merlin qui enfonce mon chapeau jusqu’aux épaules…