Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
LA BANDE CADET

Pour bien donné, il était bien donné ! parole !…

Sauf un peu d’exagération et la mise en scène de huit ou dix assaillants au lieu de deux, nous n’aurons que des éloges pour l’exactitude du récit de M. Noël. Mme Jaffret l’écoutait avec une placidité qui n’était pas exempte de moquerie, mais, sous cette indifférence affectée, elle ne perdait pas une syllabe.

— Ça vous est égal à vous, reprit M. Noël, moi pas : c’est un chapeau de perdu. Je me suis relevé comme j’ai pu. J’en connais qui auraient été se coucher, mais je ne suis pas de cette étoffe-là. On jouait la poule à l’Épi-Scié, c’était tentant, nix ! moi, quand j’ai quelque chose dans la tête… J’ai laissé mon chapeau pour compte dans le ruisseau, j’ai rabattu et mêlé mes cheveux et j’ai plié ma redingote sous mon bras.

Rien que ça, voyez-vous, me déguise mieux qu’un costume de Turc, parce qu’on est habitué à me voir tiré à quatre épingles.

Je me disais : le fiacre est à tous les diables, mais en flânant devant les théâtres, je pourrais bien repincer mes marchands de contremarques.

— Eh bien ? fit maman Jaffret qui bâilla largement. Abrège un peu voir, tu m’ennuies.