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LA BANDE CADET

C’est la Race.

Pas plus que vous je ne saurais définir cet effluve subtil, mais je vais vous en dire un des plus curieux caractères que j’ai découverts en cherchant bien :

Celles-là n’ont pas besoin d’oser.

Et quoi qu’elles osent pourtant, si folle que soit leur audace, nul ne s’étonne.

Et l’on se demande, ah ! c’est là que j’ai deviné le divin talisman ! Quoi qu’elles osent, on se demande comment elles n’osent pas encore davantage !…

Marguerite, comtesse de Clare, était de ces élues qui ne sauraient jamais trop oser. Sa généalogie ? Je ne tiens point cet article-là, et nous ne parlons pas chevaux. C’est au faubourg Saint-Germain que j’ai rencontré la Race dans toute sa fleur ; je dis cela, je ne dis pas autre chose, et je suis même forcé d’avouer que je n’ai pas eu vent de la présence d’aucun ancêtre de Marguerite à la croisade.

Elle avait tout ce qu’on prête si facilement aux vraies grandes dames ; l’abandon décent, le naturel que nul art ne remplace, la simplicité, mère de toute gloire, elle était belle à faire extravaguer les poètes, elle était jeune, — même auprès de l’opulente jeu-