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LA BANDE CADET

l’éclair, elle cloua la parole sur les lèvres d’Adèle et demanda en baisant le front de Clotilde :

— Est-ce notre petit cœur qui nous l’a dit ?

Un peu de rougeur monta aux joues de la belle jeune fille.

— Tiens ! fit-elle en riant tout à coup, et son rire la faisait plus charmante, j’avais lu dans bien des livres que le cœur parlait, mais je ne savais pas encore que c’était vrai !

— Alors, insista Adèle, vous n’avez aucune raison particulière ?…

Un regard peut piquer comme la pointe d’un couteau, car, sous celui de la comtesse, Mme Jaffret laissa échapper un grognement douloureux et se tut.

À ce moment, la porte du salon s’ouvrit, et M. Laurent, en livrée neuve, annonça :

M. le prince Georges de Souzay !

Au nom du prince, jeté ainsi au milieu des conversations, il y eut un vif mouvement dans le salon. Plusieurs, parmi les personnes présentes, ne connaissaient pas le nouvel arrivant. Mme Jaffret marcha à sa rencontre et reçut ses premières excuses avec une véritable dignité, adoucie par la plus cordiale indulgence.