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LA BANDE CADET

— Beaucoup de choses peuvent tenir en peu de mots, chérie, reprit-elle. En cinq minutes, nous avons le temps de mettre les points sur les i, comme parle notre excellente Adèle. Je viens de vous en dire assez pour que vous me compreniez désormais à demi-mot. Nous sommes, vous, moi, Mme la duchesse, et Georges de Souzay, les derniers de Clare, et je m’étonne un peu de la tranquillité que vous gardez en écoutant ce grand nom, qui est le vôtre.

— Je m’en étonne aussi, répliqua Clotilde, — un peu. Il est possible que je n’aie pas encore en moi tout ce qu’il faut pour apprécier un tel honneur et un tel bonheur.

Les sourcils de Marguerite eurent un froncement léger.

— Peut-être, dit-elle pourtant, et à tout prendre, ce ne serait pas surprenant. Vous êtes, depuis votre enfance, dans une position si différente de celle qui vous est due ! C’est cette position même que je tiens à vous expliquer brièvement. Notre famille, depuis un quart de siècle environ, semble avoir été poursuivie par une fatalité singulière. Les gens sages ne croient pas à la fatalité. Ceux d’entre nous qui étaient pauvres (excepté pourtant votre père), ont