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LA BANDE CADET

— Morand ! mon cousin Morand !

Il ajouta, en essayant vainement de se relever sur le coude :

— C’est fini ! je me meurs…

— William ! dit Angèle épouvantée, avez-vous une potion ? Que voulez-vous ?

Son regard cherchait autour de la chambre.

De la poitrine du mourant sortit ce gémissement qui est arraché par tout effort désespéré. Il se retourna si brusquement qu’Angèle fut obligée de le retenir pour l’empêcher de tomber hors du lit.

Il la repoussa avec une sorte d’horreur.

— Je souffre l’enfer ! cria-t-il en cet éclat de voix strident que sonne parfois l’agonie. Morand ! Tardenois ! Larsonneur ! Jaffret ! à moi ! chassez cette femme !… Vous, ne me touchez pas ! Vous me déchirez et vous me brûlez !… Je n’ai jamais vu mon fils ! je ne sais pas si j’ai un fils… où est-il ?

— Je l’ai caché…

— Pour le dépouiller peut-être…

— William ! William !…

— Mon fils !… où est mon fils ? Un médecin ! Je meurs !…

— Je vais chercher l’enfant ! s’écria Angèle en