— Je veux boire, dit-il.
Morand s’empressa d’emplir la cuiller, mais le malade la repoussa, et dit :
— Du vin.
— Ne craignez-vous pas… ? commença Morand, effrayé.
— Je ne crains plus rien : du vin !
Le cousin pauvre n’osa pas désobéir. Il s’approcha du guéridon, déboucha une bouteille et versa un doigt de vin au fond d’un verre. Le malade était parvenu à se soulever sur le coude, tremblant de la tête aux pieds. Il regardait le verre : il dit :
— Encore !
Morand versa de nouveau quelques gouttes.
— Encore ! répéta le malade frémissant de fièvre et d’impatience.
Morand emplit cette fois le verre jusqu’à moitié et l’apporta, disant :
— C’est pour vous obéir, mon cousin.
Le duc saisit le breuvage avidement. Il en répandit une partie avant de le pouvoir porter à sa bouche, car sa misérable main était secouée à faire pitié ; mais le verre sonna enfin contre les dents, qui le mordaient convulsivement, et il but.