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LA BANDE CADET

Cette maison avait beaucoup de noms, y compris le vrai qui était l’hôtel Fitz-Roy. Les voisins l’appelaient plus volontiers la Maison-aux-Oiseaux.

Paris ne change plus beaucoup depuis la guerre ; mais ceux qui ont plus de vingt ans se souviennent de ces années poudreuses où quatre cent mille maçons entretenaient le nuage de plâtre dans tous les arrondissements à la fois. Les boulevards surgissaient à la baguette ; on demandait son chemin dans Paris comme en forêt : la transformation fut si soudaine et si complète, en ce temps-là, qu’il nous arrive encore aujourd’hui de chercher naïvement, à leur place d’hier, des choses qui étaient contemporaines de nous, mais qui sont bien plus mortes que les ruines laissées par Charlemagne ou Julien l’Apostat.

La belle vieille maison regardait la prison de la Force par-dessus les démolitions. Elle méritait assurément le grand prix de tranquillité parmi toutes les demeures paisibles qui dorment dans ce quartier du Marais. On n’y entendait jamais aucun bruit, sauf des ramages d’oiseaux, parce que le bon M. Jaffret qui l’habitait était le protecteur et le bienfaiteur de tous les moineaux de Paris. Deux fois par jour, le