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LA BANDE CADET

Clément, la voici : C’est un jeu bien étrange qui se joue autour de l’héritage de Clare. D’un côté, des gens honnêtes, du moins, je le pense, puisque vous êtes avec eux ; de l’autre, des bandits. Un motif très puissant empêche sans doute les gens honnêtes dont je parle de s’adresser aux tribunaux, et j’avoue que cela me donne un peu de défiance contre eux. Ils cachent leur nom quand ils tombent entre les mains de la loi, par hasard ; ils se laissent condamner plutôt que de parler franc et tête levée ; ils s’évadent…

— Tu ne parles pas comme tu penses, ma pauvre bonne Tilde, murmura Georges avec douceur. Tu cherches à te venger de moi…

— Oh ! c’est vrai ! c’est vrai ! s’écria-t-elle : je cherche à me venger… Je te fais pitié, n’est-ce pas ! Et comme tu as raison de me plaindre, puisque tu ne peux pas m’aimer !

— Mais je t’aime !

— Tu mens ! par bonté de cœur. Il n’y a rien au monde de si bon, de si noble que toi… Mais laisse-moi achever : les honnêtes gens et les bandits, assis en face les uns des autres des deux côtés du tapis vert, connaissent mutuellement leurs cartes ; ils