Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

t-elle. Bien gentille, cette gamine-là ! Et du chien ! Si j’avais quinze ans de moins, ou même vingt-cinq… Tu tu ! malgré l’âge qu’on a, on chanterait encore rrriki huick tout comme un autre ; et sans mon travail de tête… Mais le jeune monsieur est froid comme de la tisane frappée ! On dirait qu’il est empaillé de partout, et qu’il n’a de vivant que son bras postiche. Beau garçon, du reste ! ça m’amuse de voir comme Angèle le met en avant pour couvrir son Albert. Celle-là, son compte est bon avec moi : je veux la voir pleurer du sang… du sang !

Elle passa sur ses lèvres sa langue gourmande et ajouta :

— C’est drôle, le tempérament ! Tu en tiens encore pour celle-là, sais-tu, marquis ?

Quelque chose de triste vint sur son visage ridé. Elle se planta devant une des grandes glaces et se regarda de la tête aux pieds avec une expression à la fois grotesque et terrible en grommelant :

— Tu as sauté, marquis, sauté, sauté ! Marquis Ange de Tupinier de Baugé, amoureux de trente-six mille coquines, et qui voulait encore, par-dessus le marché, ta belle nièce, ta belle filleule, Vénus sor-