Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Seulement, le docteur Faust n’est pas de chez nous, et les chimistes qui ont créé nos hommes-cryptogames font leur cuisine dans les caves théâtrales.

Ils n’ont jamais été, ces créateurs, dans leurs mixtures, beaucoup au-delà du thé de Mme Gibou ; leurs fils, qui caricaturent nos héroïsmes et nos bassesses au fond de l’égout, participent d’eux, et forment cette étrange catégorie des charlatans forains, troupeau plus ignorant, plus superstitieux, plus « gobeur » que la cohue même qui le contemple.

Nos faubourgs commencent à se moquer du mélodrame ; la foire y croit encore, et au milieu du déniaisement universel, la famille de Bilboquet vit d’illusions mangées aux vers. Elle cherche « le secret », elle attend « le trésor » ; pour elle, il semble qu’une lessive de comique effréné, mais plaintif, déteigne sur tout et ne laisse rien de vrai à la surface du globe.

S’il y avait un poète assez audacieux pour montrer au public dans sa réalité invraisemblable ce monde, ce pauvre monde des douleurs cocasses et des hallucinations hébétées, notre siècle aurait son épopée immortelle, au moins en ce qui concerne le ruisseau.