Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/67

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Et, tirant hors de l’armoire le matelas maigre qu’il roula en boudin, il se fit un siège.

— Ta petite dort ? demanda-t-il.

— Il y a longtemps, oui.

— Donne les verres.

— Je n’ai pas soif, dit Échalot.

— Alors, à ta santé !

Cadet-l’Amour déboucha la bouteille et but à même un large coup.

— Un froid de loup dehors, ce soir, reprit-il, je crois que je te l’ai déjà dit : ça fait du bien d’avaler une gorgée. Assieds-toi. Tu aimes mieux rester debout ? à ta fantaisie. Où il y a de la gêne, pas d’agrément !

L’eau-de-vie débouchée répandait ses effluves dans l’étroite chambrette. Les narines d’Échalot se gonflèrent. Cadet-l’Amour poursuivit :

— Tu sais que la bande Cadet, c’est des histoires. Je ne dis pas que je n’ai pas fait quelques petites affaires par-ci par-là, du temps du colonel, qui m’avait mis la corde au cou comme à tant d’autres et à qui personne n’a jamais osé désobéir, mais depuis que le vieux démon a avalé sa langue, on a tiré une barre. Plus rien, sinon la liquidation qui se fait