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LA BANDE CADET

— Et ne sais-tu pas aussi pourquoi je la cherche, interrompit Georges avec reproche.

— Si fait, répondit Clotilde qui songeait, c’est vrai, je le sais, tu es devenu comme moi-même un instrument dans la main d’autrui ; mais, à la différence de moi, tu aimes tes maîtres… Tu vins une fois, de la part de ces gens-là, et c’est alors que je t’avouai la vérité ; tu vins fouiller tout au fond de ma mémoire. Tu me parlas d’une prière latine qu’on avait fait entrer de force dans mon souvenir quand j’étais toute petite…

— Et tu me répondis, murmura Georges tout pensif aussi : « D’autres que toi me l’ont déjà demandée, cette prière, mais je ne la sais pas, je ne l’ai jamais sue. » Et alors, tu me racontas la pauvre histoire de ton passé. On t’avait prise dans une ferme dont les maîtres n’étaient même pas tes parents ; Mme Jaffret t’avait dit : « Je suis votre tante, vous êtes l’héritière d’une grande fortune : ne sachez rien de plus et restez obscure pour échapper aux méchants qui vous ont faite orpheline… »

— Je la croyais, en ce temps-là, dit Clotilde, les enfants sont crédules ; je le croirais peut-être encore sans toi et sans ce pauvre Échalot, qui parlait dès