Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/88

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effort terrible pour retirer son bras du sac. N’ayant pas réussi, il restait immobile.

— Et encore, poursuivit l’Amour, qui s’animait en parlant et dont la voix aiguë arrivait à exprimer une sincère indignation, j’avais eu la délicatesse de te choisir gaucher à cette fin que tu puisses travailler tout de même après ta guérison, pour laquelle j’ai payé cinquante écus au chirurgien. Et tu clabaudes contre papa, sans cœur que tu es ! Et tu lui désobéis, méchant sujet !

Clément resta muet et ne bougea pas ; mais son œil farouche eut un éclair.

— Demande pardon, reprit l’Amour, au lieu d’avoir de mauvaises pensées. Je vois au travers de toi : tu m’étranglerais si tu pouvais, coquin dénaturé !

Il atteignit son mouchoir, qu’il plia avec soin en cravate sur son genou.

Le Manchot, qui devinait, poussa coup sur coup deux grands cris, mais le troisième s’étouffa sous la pleine poignée de poussière que Cadet-l’Amour lui forçait dans la bouche en nouant le bâillon par-dessus.

Deux doigts de sa main droite saignaient. Dans l’opération, il avait été mordu.