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LA CAVALIÈRE

La lueur d’une lampe de nuit tombait sur ses traits flétris. À la mieux regarder, on eût deviné que cette femme était vieille avant l’âge.

— Douze ans ! répéta-t-elle. J’avais vingt ans. Celles de trente ans autour de moi sont encore belles ! Oh ! je le reconnaîtrais, j’en suis sûre ! On voit clair au travers de la vengeance ! S’il y avait douze siècles au lieu de douze ans, je le reconnaîtrais encore ! Et j’aurais ce qu’il faut de force pour lui arracher le cœur !

Il m’a été donné une fois de voir et d’entendre une pauvre femme assassinée légalement par le divorce dans un pays protestant où l’impiété du divorce est la loi. Jamais Dieu ne permet la haine, mais en écoutant pleurer ces abandonnées, l’homme comprend et il excuse presque les rêves féroces de la vengeance.

La maîtresse de la Maison Rouge se tut, épuisée ; ses yeux brûlants renvoyaient les lueurs de la lampe, teintes de sanglants reflets.

En bas, c’était Nicaise qui avait ouvert la porte