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LA CAVALIÈRE

Je vous le dis, c’était une chose redoutable et tragique que cet entretien solitaire, entouré de silence, caché par un nuage et coupé de longues pauses qui semblaient exprimer plus que les paroles elles-mêmes.

— Pourquoi voulais-tu me voir, mon frère ? demanda René qui passa la main sur son front.

Yves, au lieu de répondre, demanda à son tour :

— Et toi ?

— Moi, j’ai des pensées qui me tuent.

— Moi, j’ai des rêves qui me font peur.

Dans le silence qui suivit, et tandis qu’ils frémissaient tous deux, un premier bruit vint de la campagne, mais si lointain et si faible qu’aucun des deux frères ne l’entendit : Rien ne venait encore de la mer.

— Mon frère, dit René qui n’aurait pas été plus pâle pour mourir, je voudrais te quitter, je ne puis.