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DEUXIÈME PARTIE

« C’était par une nuit d’hiver ; je m’étais endormie à force de pleurer.

« Je m’éveillai en sursaut. Je n’étais plus dans mon lit ; je me sentais secouée par les mouvements d’une voiture.

« J’ouvris les yeux, je ne vis rien ; une nuit profonde et telle que je n’en avais jamais vu était autour de moi. Je portai mes mains à mon visage et mes mains rencontrèrent, au lieu de ma joue, un masque solide qui prenait la forme de mes traits.

« Un cri s’échappa de ma poitrine, et c’est à peine si j’entendis le son de ma propre voix, tant le masque comprimait mes lèvres, à l’endroit où une fente étroite me permettait de respirer.

« On m’avait mis ce masque pendant mon sommeil.

« La voiture roula longtemps, mais il me semblait qu’elle tournait sur elle-même et que les chevaux revenaient sans cesse sur leurs pas.

« Ma main étendue avait senti auprès de moi les plis d’une étoffe moelleuse. Il y avait une autre femme dans la voiture. Cette femme ne rompit pas une fois le silence.

« Mais je n’avais pas besoin d’entendre sa voix. C’était Mary Wood ; l’épaisse atmosphère