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LES SAXONS.

À peine sauvé, le major avait tourné la tête de son poney vers la chaussée, vers le péril.

La mante rouge était en selle sur l’autre cheval. Elle jeta ses deux bras autour de la taille du major, qui n’avait qu’une main pour résister à cette étreinte ; elle l’attira vers elle et le pressa contre son cœur.

En même temps sa voix parla doucement aux poneys qui partirent, rapides comme le vent. Tout cela fut l’affaire d’une seconde.

La foule poussa un long cri de rage.

Les deux fugitifs couraient en zigzag et se tenaient toujours embrassés.

— Tirez ! tirez ! criait-on. Il suffirait d’une balle pour deux !…

Jermyn était le seul dont le fusil restât chargé.

Il rejeta son masque de toile en arrière. Vous eussiez dit le visage d’un fantôme.

Son arme s’abaissa lentement vers les poneys fugitifs.

— Allez, Jermyn ! allez, mon fils !… Ah ! ah !… vous allez voir, vous autres !… Jermyn n’a jamais manqué son coup…

La mante rouge et Mortimer, embrassés toujours et emportés par la course tortueuse des poneys, se présentèrent un instant de profil.