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TROISIÈME PARTIE.

Son père mort, il ne restait rien de distingué dans sa famille, rien qui pût la rapprocher de cette vie noble à laquelle son éducation l’avait préparée.

Francès eut pour mentor Fenella Daws, pour compagnes les amies de Fenella Daws, pour soupirants les incroyables de Poultry, les fanfarons du commerce, les dandys d’arrière-magasin. Ce changement aurait bien suffi lui seul à mettre sur son jeune visage ce masque de froideur austère. La société de Fenella était un choix opéré avec soin parmi tous les ridicules du moyen commerce ; elle avait fait appel à toutes les prétentions grotesques ; chez elle, les dames de cloutiers singeaient les ladys, les demoiselles de teneurs de livres faisaient des vers, et les courtauds de comptoir parlaient de steeple-chase. Si loin que pût se porter le regard de la pauvre Francès, elle ne pouvait apercevoir là un seul être raisonnable. Ces gens avaient tous la repoussante folie du siècle : ils s’éreintaient à vouloir paraître ; ils faisaient comme les filles de nos portiers qui apprennent la musique, au lieu de boucher les trous de leurs bas.

Personne à qui parler ! pas une seule cervelle parmi tant de têtes ! pas un seul cœur pour toute cette masse de chair marchande !