Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
LE CHATEAU DE MONTRATH.

insensées d’un enfant… Mon Dieu ! n’ai-je donc plus d’amie ?…

Les yeux de lady Montrath se mouillèrent, et Francès se tut, repentante.

— On explique tout, reprit la jeune femme avec amertume, on se rit des terreurs d’une pauvre femme, tant que la catastrophe n’est pas arrivée. Je ne vous demande plus votre pitié, Fanny… Parlons, s’il vous plaît, de choses qui vous intéressent davantage : j’ai eu tort de vous occuper de moi si longtemps.

— Oh ! Georgy ! répondit Francès avec reproche, pouvez-vous me parler ainsi ?… Je désire ardemment que vos craintes soient mal fondées, et je ne puis m’empêcher de l’espérer encore… Mais parlons de vous, chère Georgy, et dites-moi tout, je vous en conjure.

Lady Montrath garda durant quelques secondes un silence chagrin, puis elle reprit la parole, parce qu’au fond ses terreurs étaient bien réelles, et qu’elle avait besoin de s’épancher.

— Je fis mes préparatifs de départ, dit-elle ; j’étais triste, et j’avais comme un pressentiment de malheur… Il y a de cela quelques jours seulement… Nous montâmes en voiture, milord et moi, pour nous rendre au paquebot de Cork,