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LE BOSSU.

— C’était mon opinion, dit Lagardère, avant d’avoir eu l’honneur de faire la partie de M. de Nevers.

— Et maintenant ?… interrogea-t-on de toutes parts, car chacun était fortement intéressé : dans quelques heures, cette fameuse botte de Nevers allait peut-être coucher deux ou trois morts sur le carreau.

— Maintenant, repartit Henri de Lagardère, c’est différent. Figurez-vous que cette botte maudite a été longtemps ma bête noire. Sur ma parole, elle m’empêchait de dormir ! Convenez que ce Nevers fait aussi par trop parler de lui… À toute heure, partout, depuis son retour d’Italie, j’entendais radoter autour de moi « Nevers, Nevers, Nevers ! Nevers est le plus beau ! Nevers est le plus brave ! »

— Après un autre que nous connaissons bien, interrompit frère Passepoil.

Cette fois, il eût l’approbation pleine et entière de Cocardasse junior.

— Nevers par-ci, Nevers par-là ! continua Lagardère. Les chevaux de Nevers, les armes de Nevers, les domaines de Nevers !… ses bons mots, son bonheur au jeu, la liste de ses maîtresses… et sa botte secrète par-dessus le marché !… diable d’enfer ! cela me rompait la tête…