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LE BOSSU.

va prévenir Nevers qu’il y a ici une bande d’égorgeurs. Et Nevers ne viendra pas. Et ce sera une partie manquée ; la plus belle partie du monde. Diable d’enfer ! s’il en est ainsi, demain il y aura huit coquins d’assommés.

Il arrivait sous le pont. Ses yeux s’habituaient à l’obscurité.

Les fourrageurs avaient fait une large place nette, juste à l’endroit où Lagardère était en ce moment, devant la fenêtre basse.

Il regarda cela d’un air content, et pensa qu’on serait bien en ce lieu pour jouer de la flamberge.

Mais il pensait encore à autre chose. L’idée de pénétrer dans cet inabordable château le tenait au collet. Ce sont de vrais diables que ces héros qui ne tournent point vers le bien la force exceptionnelle dont ils sont doués.

Murailles, verrous, gardiens, le beau Lagardère se riait de tout cela.

Il n’eût point voulu d’une aventure où quelqu’un de ces obstacles eût manqué.

— Faisons connaissance avec le terrain, se disait-il, rendu déjà à l’espiègle gaieté de sa nature. Morbleu ! M. le duc va nous arriver bien en colère, et nous n’avons qu’à nous tenir !… Quelle nuit ! il faudra ferrailler au jugé… Du

T. I.
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