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LE BOSSU.

exorbitante : disposer par acte olographe de vingt ou trente millions de sujets !

Mais combien Louis XIV vivant aurait pu oser davantage !

Le testament de Louis XIV mort n’était, à ce qu’il paraît, qu’un chiffon sans valeur. On le déchira bel et bien. Personne ne s’en émut, sinon ses fils légitimes.

Pendant le règne de son oncle, Philippe d’Orléans avait joué au bouffon, comme Brutus. Ce n’était pas dans le même but. À peine eut-on crié à la porte de la chambre funèbre : « Le roi est mort : vive le roi ! » Philippe d’Orléans jeta le masque.

Le conseil de régence institué par Louis XIV roula dans les limbes. Il y eut un régent, qui fut d’Orléans lui-même.

Les princes jetèrent les hauts cris, le duc du Maine s’agita, la duchesse sa femme clabauda ; la nation, qui ne s’intéressait guère à tous ces bâtards savonnés, demeura en paix. Sauf la conspiration de Cellamare, que Philippe d’Orléans étouffa en grand politique, la régence fut une époque tranquille.

Ce fut une étrange époque. Je ne sais si on peut dire qu’elle ait été calomniée. Quelques écrivains protestent çà et là contre le mépris où