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LE BOSSU.

longue série de magnificences : Gonzague était orgueilleux et artiste à la fois.

La façade qui donnait sur le jardin datait de cinquante ans à peine. C’était une ordonnance de hautes colonnes italiennes supportant les arcades d’un cloître régnant. Le jardin immense, ombreux et peuplé de statues, allait rejoindre à l’est, au sud et à l’ouest les rues Quincampoix, Aubry-le-Boucher et Saint-Denis.

Paris n’avait pas de palais plus princier. Il fallait donc que Gonzague, prince, artiste et orgueilleux, eût un bien grave motif pour bouleverser tout cela.

Voici le motif qu’avait Gonzague.

Le Régent, au sortir d’un souper, avait accordé à M. le prince de Carignan le droit d’établir en son hôtel un colossal office d’agent de change. La rue Quincampoix chancela un instant sur la base vermoulue de ses bicoques. On disait que M. de Carignan avait le droit d’empêcher tout transport d’action signé ailleurs que chez lui.

Gonzague fut jaloux.

Pour le consoler, au sortir d’un autre souper, le Régent lui accorda, pour l’hôtel de Gonzague, le monopole des échanges d’actions contre marchandises.