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LE BOSSU.

Pendant ces absences, Aurore restait à la garde de deux ou trois duègnes et d’un vieux chapelain.

Aurore était belle comme sa mère. C’était du sang espagnol qui coulait dans ses veines. Quand elle eut seize ans, les bonnes gens du hameau de Tarrides entendirent souvent, dans les nuits noires, les chiens de Caylus qui hurlaient.

Vers cette époque, Philippe de Lorraine, duc de Nevers, un des plus brillants seigneurs de la cour de France, vint habiter son château de Buch dans le Jurançon. Il atteignait à peine sa vingtième année, et, pour avoir usé trop tôt de la vie, il s’en allait mourant d’une maladie de langueur. L’air des montagnes lui fut bon ; après quelques semaines de vert, on le vit mener ses équipages de chasse jusque dans la vallée de Louron.

La première fois que les chiens de Caylus hurlèrent la nuit, le jeune duc de Nevers, harassé de fatigue, avait demandé le couvert à un bûcheron de la forêt d’Ens.

Nevers resta un an à son château de Buch. Les bergers de Tarrides disaient que c’était un généreux seigneur.

Les bergers de Tarrides racontaient deux aventures nocturnes qui eurent lieu pendant son