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LE BOSSU.

— Cocardasse ! Cocardasse junior ! repartit le Normand, dont les yeux habitués aux larmes s’inondaient déjà ; est-ce bien toi que je revois ?

— En chair et en os, mon bon, capédébiou !… Embrasse-moi, ma caillou !

Il ouvrit ses bras. Passepoil se précipita sur son sein.

À eux deux, ils faisaient un véritable tas de loques.

Ils restèrent longtemps embrassés. Leur émotion était sincère et profonde.

— Assez ! dit enfin le Gascon. Parle un peu voir, que j’entende ta voix.

— Dix-neuf ans de séparation ! murmura Passepoil en essuyant ses yeux avec sa manche.

— Tron de l’air ! se récria le Gascon, tu n’as donc pas de mouchoir, névou ?

— On me l’aura volé dans cette cohue, répliqua doucement l’ancien prévôt.

Cocardasse fouilla dans sa poche avec vivacité. Bien entendu qu’il n’y trouva rien.

— Bagasse ! fit-il d’un air indigné ; le monde est plein de filous ! Ah ! ma caillou ! reprit-il, dix-neuf ans ! Nous étions jeunes tous deux !

— L’âge des folles amours !… Hélas ! mon cœur n’a pas vieilli !