Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
LE BOSSU.

— L’affaire des fossés de Caylus ? acheva Passepoil, qui baissa la voix malgré lui. Ne m’en parle pas ! j’ai toujours devant les yeux le regard flamboyant du petit Parisien…

— Il avait beau faire nuit, capédébiou ! on voyait les éclairs de sa prunelle !

— Comme il les menait !

— Huit morts dans la douve !

— Sans compter les blessés.

— Ah ! sandiéou ! quelle grêle de horions ! C’était beau à voir. Et quand je pense que, si nous avions pris franchement notre parti, comme des hommes, si nous avions jeté l’argent reçu à la tête de ce Peyrolles pour nous mettre derrière Lagardère, Nevers ne serait pas mort ! C’est pour le coup que notre fortune était faite !

— Oui, dit Passepoil avec un gros soupir, nous aurions dû faire cela !

— Ce n’était pas assez que de mettre des boutons à nos lames… il fallait défendre Lagardère… notre élève chéri…

— Notre maître ! fit Passepoil en se découvrant d’un geste involontaire.

Le Gascon lui serra la main, et tous deux restèrent un instant pensifs.

— Ce qui est fait est fait, dit enfin Cocardasse. Je ne sais pas ce qui t’est arrivé depuis ;