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LE BOSSU.

rencontre des troupes de grands nigauds qui chantent l’air du diable qu’on porte en terre… J’ai fait comme toi, j’ai pris le mal du pays. J’ai traversé les Flandres, et me voilà !

— La France ! s’écria Cocardasse, il n’y a que la France !

— Noble pays !

— Patrie du vin !

— Mère des amours !

— Mon cher maître, se reprit frère Passepoil après ce duo où ils avaient lutté de lyrique élan, est-ce seulement le manque absolu de maravédis, joint à l’amour de la patrie, qui t’a fait repasser la frontière ?

— Et toi…, est-ce uniquement le mal du pays ?

Frère Passepoil secoua la tête ; Cocardasse baissa ses terribles yeux.

— Il y a bien encore autre chose, fit-il. Un soir, au détour d’une rue, je me suis trouvé face à face avec… devine qui ?…

— Je devine, repartit Passepoil. Pareille rencontre m’a fait quitter Bruxelles au pas de course.

— À cet aspect, mon bon, je sentis que l’air de la Catalogne ne me valait plus rien… Ce n’est pas une honte que de céder le pas à Lagardère. Eh donc !