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LE BOSSU.

Il y avait bien des jours qu’on n’avait vu un sourire autour des lèvres d’Aurore.

Son père disait :

— Tout cela changera quand elle sera madame la princesse.

Et il ne s’en inquiétait point autrement.

À la fin du second service, Aurore se leva et demanda la permission de se retirer. Dame Isidore jeta un long regard de regret sur les pâtisseries, confitures et conserves qu’on apportait. Son devoir l’obligeait de suivre sa jeune maîtresse.

Dès qu’Aurore fut partie, le marquis prit un air plus guilleret.

— Prince, dit-il, vous me devez ma revanche aux échecs… Êtes vous prêt ?

— Toujours à vos ordres, cher marquis, répondit Gonzague.

Sur l’ordre de Caylus, on apporta une table et l’échiquier. Depuis quinze jours que le prince était au château, c’était bien la cent cinquantième partie qui allait commencer.

À trente ans, avec le nom et la figure de Gonzague, cette passion d’échecs devait donner à penser.

De deux choses l’une : ou il était bien ardemment amoureux d’Aurore, ou il était bien désireux de mettre la dot dans ses coffres.