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LE BOSSU

Gonzague. Sans faire tort à sa toilette, elle était plus charmante encore, s’il est possible, dans son déshabillé du matin. Son peignoir blanc flottant laissait deviner les perfections de sa taille, légère et robuste à la fois ; ses beaux grands cheveux noirs dénoués tombaient à flots abondants sur ses épaules, et ses petits pieds nus jouaient dans des mules de satin.

Pour approcher de si près et sans danger pareille enchanteresse, il fallait être de marbre.

M. de Peyrolles avait toutes les qualités de l’emploi de confiance qu’il remplissait auprès de son maître.

Il eût disputé le prix de l’impassibilité à Mesrour, chef des eunuques noirs du calife Haroun-el-Reschild.

Au lieu d’admirer les charmes de sa belle compagne, il lui dit :

— Dona Cruz, M. le prince désire vous voir à son hôtel ce matin.

— Miracle ! s’écria la jeune fille ; moi sortir de ma prison ! moi traverser la rue ! moi, moi ! Êtes-vous bien sûr de ne pas rêver debout, monsieur de Peyrolles ?

Elle le regarda en face, puis elle éclata de rire, en exécutant très-remarquablement une pirouette double.