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LE BOSSU.

La chose certaine, c’est qu’elle avait passé sa vie entière parmi les gitanos, allant comme eux de ville en ville, de hameaux en bourgades en dansant sur la place publique, tant qu’on voulait pour un maravédis.

C’est elle-même qui nous dira comment elle avait quitté ce métier libre, mais peu lucratif, pour venir habiter à Paris la petite maison de M. de Gonzague.

Une demi-heure après sa toilette achevée, nous la retrouvons dans la chambre à coucher de ce dernier, émue malgré sa hardiesse, et toute confuse de la belle entrée qu’elle venait de faire.

— Pourquoi Peyrolles ne vous a-t-il pas accompagnée ? lui demanda Gonzague.

— Votre Peyrolles, répondit la jeune fille, — a perdu la parole et le sens pendant que je faisais ma toilette… Il ne m’a quittée qu’un instant pour se promener au jardin… ; quand il est revenu, il ressemblait à un homme frappé de la foudre. Mais, s’interrompit-elle d’une voix caressante, ce n’est pas pour parler de votre Peyrolles que vous m’avez fait venir, n’est-ce pas, monseigneur ?

— Non, répondit Gonzague en riant, — ce n’est pas pour parler de mon Peyrolles.

— Dites vite ! s’écria dona Cruz ; — que