— Vous avez une famille, poursuivit Gonzague, dont le ton était solennel ; une famille puissante et alliée à nos rois… Votre père était duc.
— Mon père ! répéta dona Cruz ; il était duc, dites-vous ?… Il est donc mort ?
Gonzague courba la tête.
— Et ma mère ?…
La voix de la pauvre enfant tremblait.
— Votre mère, repartit Gonzague, — est princesse.
— Elle vit ! s’écria dona Cruz, dont le cœur bondit ; — vous avez dit : « Elle est princesse !… » Elle vit ! ma mère vit !… je vous en prie, je vous en prie, parlez-moi de ma mère !
Gonzague mit un doigt sur sa bouche.
— Pas à présent, murmura-t-il.
Mais dona Cruz n’était pas faite pour se laisser prendre à ces airs de mystère.
Elle saisit les deux mains de Gonzague.
Vous allez me parler de ma mère, dit-elle, et tout de suite ! — Mon Dieu ! comme je vais l’aimer… Elle est bien bonne, n’est-ce pas ?… et bien belle ?
C’est une chose singulière ! s’interrompit-elle avec gravité ; — j’ai toujours rêvé cela… Une voix en moi me disait que j’étais la fille d’une princesse.