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LE BOSSU.

tomba sur les draperies du boudoir où dona Cruz était renfermée.

— Celle-là prie, dit-il en riant ; — eh bien, j’aurais presque envie de croire maintenant à cette billevesée qu’on nomme la voix du sang… Elle a été émue, mais pas trop… pas comme une vraie fille à qui on eût dit les mêmes paroles : « Tu vas voir ta mère. » Bah !… une petite bohémienne !… elle a songé aux diamants… aux fêtes… on ne peut pas apprivoiser les loups !

Il alla mettre son oreille à la porte du boudoir.

— C’est qu’elle prie, s’écria-t-il, tout de bon !… C’est une chose singulière ! tous ces enfants du hasard ont, dans un coin de leur extravagante cervelle, une idée qui naît avec leur première dent et qui ne meurt qu’avec leur dernier soupir : l’idée que leur mère est princesse… Tous !… ils cherchent, la hotte sur le dos, le roi leur père… Celle-ci est charmante ! se reprit-il, — un vrai bijou !… comme elle va me servir naïvement et sans le savoir !… Si une bonne paysanne, sa vraie mère, venait aujourd’hui lui tendre les bras, palsambleu ! elle se fâcherait tout rouge !… Nous allons avoir des larmes au récit de son enfance… La comédie se glisse partout !