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LE BOSSU.

Philippe de Nevers avait un autre ami que moi, un autre frère… un ami, un frère plus puissant… Cet ami, ai-je besoin de le nommer ? ce frère vous le connaissez tous : il a nom Philippe d’Orléans ; il est régent de France… qui oserait dire que Nevers assassiné a manqué de vengeurs !

Il y eut un silence. Les clients du dernier banc échangeaient entre eux diverses pantomimes. On entendait partout ces mots, répétés à voix basse :

— C’est plus clair que le jour !

Aurore de Caylus collait son mouchoir à ses lèvres où le sang venait, tant l’indignation lui serrait la poitrine.

— Messieurs, reprit Gonzague, j’arrive aux faits qui ont motivé votre convocation. Ce fut en m’épousant que madame la princesse déclara son mariage secret, mais légitime avec le feu duc de Nevers… Ce fut en m’épousant qu’elle constata également l’existence d’une fille, issue de cette union… les preuves écrites manquaient ; le registre paroissial, lacéré en deux endroits, ne portait aucune constatation, et je suis forcé de dire encore que M. de Caylus seul au monde aurait pu nous donner quelques éclaircissements à cet égard. Mais M. de Caylus, vivant, garda toujours le silence ; à l’heure qu’il est, nul ne