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LE BOSSU.

Placé autrement et doué d’une autre ambition, cet homme eût remué un monde.

Parmi ceux qui l’écoutaient, il y avait des sans cœur, des gens rompus à toutes les roueries de l’éloquence, des magistrats blasés sur les effets de parole, des financiers d’autant plus difficiles à tromper que, d’avance, ils étaient complices du mensonge.

Gonzague, jouant avec l’impossible, produisit un véritable miracle. Tout le monde le crut ; tout le monde eût juré qu’il avait dit vrai.

Oriol, Gironne, Albret, Tavanne et autres ne faisaient plus leur métier ; ils étaient pris. Tous se disaient : Plus tard il mentira, mais à présent, il dit vrai.

Tous ajoutaient :

— Se peut-il qu’il y ait en cet homme tant de grandeur avec tant de perversité ?

Ses pairs, ce groupe de grands seigneurs qui étaient là pour le juger, regrettaient d’avoir pu parfois douter de lui.

Ce qui le grandissait, c’était cet amour chevaleresque pour sa femme, ce magnanime pardon de la longue injure. — Dans les siècles les plus perdus, les vertus de famille font à qui veut un haut piédestal.