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LE BOSSU.

core des raisons précises et avouables… commença-t-il.

— Des raisons ? interrompit la princesse ; mon cœur est resté froid, mes yeux secs, mes bras immobiles… ne sont-ce pas des raisons, cela ?

— Belle dame, si vous n’en avez pas d’autres, je ne pourrai, en conscience, combattre l’opinion évidemment unanime du conseil.

Aurore de Caylus jeta autour d’elle un sombre regard.

— Vous voyez bien, je ne m’étais pas trompé, fit le cardinal à l’oreille du duc de Mortemart, il y a là un grain de folie !

— Messieurs ! messieurs ! s’écria la princesse, est-ce que déjà vous m’avez jugée ?

— Rassurez-vous, madame, et calmez-vous, répliqua le président de Lamoignon ; tous ceux qui sont dans cette enceinte vous respectent et vous aiment… tous, et au premier rang l’illustre prince qui vous a donné son nom…

La princesse baissa la tête.

Le président de Lamoignon poursuivit avec une nuance de sévérité dans la voix :

— Agissez suivant votre conscience, madame, et ne craignez rien… notre tribunal n’a point mission de punir… l’erreur n’est pas crime ;