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LE BOSSU.

proquement, après l’entrée de maître Louis, le bossu sortait parfois tout à coup.

Jamais personne n’avait vu réunis ces deux amis inséparables.

Parmi les voisins curieux était un poëte, habitant naturellement le dernier étage de la maison ; ce poëte, après avoir mis son esprit à la torture, expliqua aux commères de la rue du Chantre qu’à Rome les prêtresses de Vesta, Ops, Rhée ou Cybèle, la Bonne Déesse, fille du Ciel et de la Terre, femme de Saturne et mère des dieux, étaient chargées d’entretenir un feu sacré qui jamais ne devait s’éteindre. En conséquence, au dire du poëte, ces demoiselles se relayaient : quand l’une veillait au feu, l’autre allait à ses affaires.

Le bossu et maître Louis devaient très-certainement avoir fait entre eux quelque pacte analogue. Il y avait là-haut quelque chose qu’on ne pouvait quitter d’une seconde : maître Louis et le bossu montaient la garde à tour de rôle auprès de ce quelque chose-là.

C’étaient deux façons de vestales, sauf le sexe et le baptême.

La version du poëte ne fut pas sans avoir du succès. Il passait pour être un peu fou ; désormais, on le regarda comme un parfait idiot.