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LE BOSSU.

ses épaules, faisant à son adorable beauté un cadre et une auréole.

Il y en a qui doivent être aimées ardemment, mais un seul jour ; — il y en a d’autres qu’on chérit longtemps d’une tranquille tendresse.

Celle-ci devait être aimée passionnément et toujours.

Elle était ange, mais surtout femme.

Son nom, que les voisins ignoraient et que dame Françoise et Jean-Marie Berrichon avaient défense de prononcer depuis l’arrivée à Paris, était Aurore.

Nom prétentieux et sot pour une belle demoiselle des salons, nom grotesque pour une fille à mains rouges et pour ma tante dont la voix chevrote, — nom ravissant pour celles qui peuvent l’enlacer comme une fleur de plus à leur diadème de chère poésie.

Les noms sont comme les parures qui écrasent les unes et que les autres rehaussent.

Elle était là toute seule. — Quand l’ombre du crépuscule lui cacha le bout de sa plume, elle cessa d’écrire et se mit à rêver.

Les mille bruits de la rue arrivaient jusqu’à elle et ne l’éveillaient point.

Sa belle main blanche était dans ses cheveux ; sa tête s’inclinait ; ses yeux regardaient le ciel.