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LE BOSSU.

point pour lui. C’est la première chose que je fais et qui ne lui soit point destinée.

» Je ne voudrais pas qu’il vît ces pages où je parlerai de lui sans cesse, où je ne parlerai que de lui. Pourquoi ?… Je sais pourquoi. J’aurais peine à le dire.

» Elles sont heureuses, celles qui ont des compagnes à qui confier le trop-plein de leur âme : peine ou bonheur. Moi, je n’ai point d’amie. Je suis seule, toute seule. Je n’ai que lui. Quand je le vois, je deviens muette. Que lui dirai-je ? Il ne me demande rien.

» Et pourtant, ce n’est pas pour moi que je prends la plume. Je n’écrirais pas si je n’avais l’espoir d’être lue, sinon de mon vivant, au moins après ma mort.

» Je crois que je mourrai bien jeune.

» Je ne le souhaite pas : Dieu me garde de le craindre.

» Si je mourais, il me regretterait. — Moi, je le regretterais même au ciel.

» Mais, d’en haut, je verrais peut-être le dedans de son cœur. Quand cette idée me vient, je voudrais mourir.

» Il m’a dit que mon père était mort. Ma mère doit vivre.

» Ma mère, j’écris pour vous. Mon cœur est