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LE BOSSU.

à lui tout entier, mais il est tout à vous aussi. Je voudrais demander à ceux qui le savent le mystère de cette double tendresse. Avons-nous deux cœurs ?

» J’écris pour vous. Il me semble qu’à vous je ne cacherais rien et que j’aimerais à vous montrer les plus secrets replis de mon âme. Me trompé-je ? Une mère n’est-elle pas l’amie qui doit tout savoir, le médecin qui peut tout guérir ?

» Je vis une fois, par la fenêtre ouverte d’une maison, une jeune fille agenouillée devant une femme à la beauté douce et grave. L’enfant pleurait : mais c’étaient de bonnes larmes ; la mère, émue et souriante, se penchait pour baiser ses cheveux.

» Oh ! le divin bonheur, ma mère ! Je crois sentir votre baiser sur mon front !… Vous aussi, vous devez être bien douce et bien belle… Vous aussi, vous devez savoir consoler en souriant !

» Ce tableau est toujours dans tous mes rêves. J’envie les larmes de la jeune fille. Ma mère, si j’étais entre vous et lui, que pourrait me donner le ciel ?

» Moi, je ne me suis agenouillée jamais que devant un prêtre. La parole d’un prêtre fait du