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LE BOSSU.

chez vous les poches pleines !… Allons, mon neveu ! vidons la bolsa !

» Le neveu don Sanche, dont les longues dents claquaient, posa sur la table, sans mot dire, deux ou trois bonnes poignées de quadruples ; l’oncle en fit autant.

» Henri le regardait avec étonnement ; — moi, je m’étais cachée dans l’alcôve.

» — Hé ! hé ! fit l’oncle en remuant le tas d’or, — on n’en gagne pas tant que cela, n’est-ce pas, à limer des gardes d’épée chez maître Cuença ?… Ne vous fâchez pas, seigneur cavalier, nous ne sommes pas ici pour surprendre votre secret… nous ne voulons point savoir pourquoi le brillant Lagardère s’abaisse à ce métier, qui gâte la blancheur des mains et fatigue la poitrine… n’est-ce pas neveu ?

» Le neveu s’inclina gauchement.

» — Nous venons, acheva le vertueux hidalgo, — pour vous entretenir d’une affaire de famille.

» — J’écoute, dit Henri.

» L’oncle prit un siège et ralluma sa pipita.

» — Une affaire de famille, continua-t-il, — une simple affaire de famille… n’est-ce pas, mon neveu ?… Il faut donc vous dire, seigneur cavalier, que nous sommes tous braves dans