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LE BOSSU.

notre maison, comme le Cid, pour ne pas dire davantage… Moi qui vous parle, je rencontrai un jour douze hidalgos de Tolose en Biscaye… C’étaient tous grands et forts lurons… mais je vous conterai l’anecdote un autre jour ; il ne s’agit pas de moi… il s’agit de mon neveu don Sanche… Mon neveu don Sanche courtisait honnêtement une jolie fille de Salvatierra… Quoiqu’il soit bien fait de sa personne, riche et pas sot, non, la fillette fut longtemps à se décider… Enfin, elle prit de l’amour, mais ce fut pour un autre que lui : un blanc-bec, figure rousse, seigneur cavalier… n’est-ce pas, mon neveu ?

» Le taciturne don Sanche, fit entendre un grognement approbateur.

» — Vous savez, reprit l’oncle don Miguel, — deux coqs pour une poule, c’est bataille ! La ville n’est pas grande : nos deux jeunes gens se rencontraient tous les jours. Les têtes s’échauffèrent. Mon neveu, à bout de patience, leva la main… mais il manqua de promptitude, seigneur cavalier : ce fut lui qui reçut un soufflet… — Or, vous sentez, interrompit-il, — un Crencha qui reçoit un soufflet… mort et sang !… n’est-ce pas, mon neveu don Sanche ?… Il faut du fer pour venger cette injure !

» L’oncle Miguel, ayant ainsi parlé, regarda